La Stigmatisation, quand une idée préconçue tue plus que les symptômes du Coronavirus.
La stigmatisation peut saper la cohésion sociale et provoquer un éventuel isolement social des groupes, ce qui pourrait contribuer à une situation où le virus est plus, pas moins, susceptible de se propager – l’OMS.
Le 11 mars 2020, l’Organisation Mondiale de la Santé(OMS) a déclaré qu’une épidémie de maladie virale à coronavirus, ou COVID-19, identifiée pour la première fois en décembre 2019 à Wuhan, la capitale tentaculaire de la province Hubei au centre de la Chine, avait atteint le seuil d’une pandémie mondiale. Au Burundi, la réalité qu’on craignait tous a fini par nous rattraper. Le COVID-19 séjourne à présent dans notre communauté. Raison pour laquelle nous avons pris des dispositions individuelles et collectives pour se mettre à l’abri durant cette période menaçante avant que la situation ne dégénère.
Mais qu’en est-il de notre préparation sur le plan émotionnel?: Ne rejetons-nous pas la faute sur les autres de ce malheur qui bouleverse le monde?
Y a-t-il une stigmatisation sociale associée au coronavirus? Et comment bien parler du covid-19?
Ces questions aident à comprendre la vraie valeur de la fraternité et du lien mutuel indissoluble durant cet épreuve de notre existence.
Casse-tête
Dernièrement, j’ai pris un bus pour me rendre à une petite réunion en ville avec des amies. Je n’étais pas vraiment dans ma peau car j’avais peur de contracter ce virus en prenant la route avec des gens venus de divers coins. À ma grande surprise, une jeune fille assise tout à ma droite envoyait un message audio à quelqu’un disant avec un air taquin qu’à cause d’une maladie ‘chinoise’ son voyage avait été annulé.
Et j’ai tout de suite compris qu’elle faisait référence au COVID-19 parce que ce n’était pas la première fois que j’entendais lier le coronavirus à une maladie ‘asiatique’. Par la suite, je me suis dit que la jeune demoiselle avait imité probablement ce vocabulaire des réseaux sociaux. Et je me suis demandé si au moins on est conscient de ce que ça représente de décrire les personnes atteintes de cette maladie comme “propageant le virus”. J’en suis venu à la conclusion que ces appellations sont une forme de discrimination sociale à l’encontre des personnes touchées.
Stigmatisation sociale
Une stigmatisation sociale est une action ou une parole qui transforme une caractéristique d’une personne en une marque négative ou d’infériorité, d’après le toupictionnaire. Un manque de compréhension ou un accès insuffisant à l’information peut provoquer la confusion, la peur ou la panique au sein des communautés, ce qui conduit à des suppositions irrationnelles et à la nécessité de rejeter la faute sur les autres. Ceci peut pousser la communauté à cacher la maladie pour éviter la discrimination, ce qui entraînerait des difficultés à endiguer cette épidémie.
De plus, si je retourne deux pas en arrière à l’instant où le ministère de la santé a confirmé que bel et bien des personnes ont été testées positives au coronavirus au Burundi, nombreux d’entre nous n’ont pas hésité une seconde à partager les photos de ces personnes sur les réseaux sociaux, et on n’a pas réfléchi deux fois au choc émotionnel que notre acte provoquerait au sein de ces patients, leurs familles, et leurs communautés. On a enfreint leur intimité car publier une photo d’une personne sans son consentement porte atteinte à son droit à l’image et à sa vie privée. Des questions importantes qu’on est en mesure de se poser sont les suivantes:
- Wari kwigenza gute iyo usanga umuvandimwe canke umugenzi wawe yanduye iyo ndwara?
- Mbega uwabonye ayo masanamu yosubira kwegera aho abo bagwayi baba canke bari?
- Mbega ingendo yo guhanahana amasanamu y’abarwaye irashobora gutuma abantu banyegeza ko barwaye, ndetse bakanatinya kwivuza mu ntumbero yo kwikingira ikumirwa?
Protéger la confidentialité des patients est cruciale durant cette pandémie pour leur éviter de se sentir trahis ou mis à l’écart par leurs proches et connaissances. Ceci éviterait aussi au grand public à faire le tri entre le vrai et le faux car des fausses rumeurs se propagent sur les plateformes à propos du COVID-19.
Il s’avère donc nécessaire de signaler que le langage et les actions empruntés peuvent perpétuer des stéréotypes, et ainsi déshumaniser les personnes atteintes du virus et leurs communautés.
Alors comment bien parler du COVID-19?
Vous trouverez ci-dessous quelques conseils de langage, proposés par l’OMS, sur ce qu’il convient de faire et de ne pas faire lorsqu’on parle du nouveau coronavirus ou COVID-19:
À FAIRE – Parler du nouveau coronavirus (COVID-19).
À ne pas faire – N’associez pas de lieux ou d’ethnies à la maladie, il ne s’agit pas d’un « virus de Wuhan », d’un « virus chinois » ou d’un « virus asiatique ». Le nom officiel de la maladie a été délibérément choisi pour éviter la stigmatisation – le « co » signifie Corona, le « vi » pour virus et le « d » pour maladie, 19 est parce que la maladie est apparue en 2019.
À FAIRE – Parler de « personnes atteintes du COVID-19 », « personnes qui sont traitées pour le COVID-19 », « personnes qui se remettent du COVID-19 » ou « personnes qui sont mortes après avoir contracté le COVID-19 ».
À ne pas faire – Ne pas qualifier les personnes atteintes de la maladie comme des « cas COVID-19 » ou des « victimes ».
À FAIRE – Parler des « personnes susceptibles d’être atteintes du COVID-19 » ou des « personnes susceptibles présumées atteintes du COVID-19 ».
À ne pas faire – Ne pas parler de « suspects COVID-19 » ou de « cas suspects ».
À FAIRE – Parler des personnes « acquérant » ou « contractant » le COVID-19.
À ne pas faire – Ne pas parler de personnes qui « transmettent le COVID-19 », « infectent les autres » ou « répandent le virus », car cela implique une transmission intentionnelle et attribue des responsabilités. L’utilisation d’une terminologie criminalisante ou déshumanisante donne l’impression que les personnes atteintes de la maladie ont d’une certaine manière fait quelque chose de mal ou sont moins humaines que le reste d’entre nous, ce qui alimente la stigmatisation, compromet l’empathie et alimente potentiellement une plus grande réticence à se faire soigner ou à se soumettre à un dépistage, à un test et à une quarantaine.
À FAIRE – Parler avec précision des risques associés au COVID-19, en se basant sur les données scientifiques et les derniers conseils officiels en matière de santé.
À ne pas faire – Ne pas répéter ou partager des rumeurs non confirmées, et éviter d’utiliser un langage hyperbolique conçu pour générer la peur comme « la peste », « l’apocalypse », etc.
À FAIRE – Parler de manière positive et souligner l’efficacité des mesures de prévention et de traitement. Pour la plupart des gens, il s’agit d’une maladie qu’ils peuvent surmonter. Il existe des mesures simples que nous pouvons tous prendre pour nous protéger, protéger nos proches et protéger les personnes les plus vulnérables.
À ne pas faire – Ne pas insister ou s’attarder sur les aspects négatifs ou les messages de menace. Nous devons travailler ensemble pour aider à assurer la sécurité des personnes les plus vulnérables.
À FAIRE – Insister sur l’efficacité de l’adoption de mesures de protection pour prévenir la contamination par le nouveau coronavirus, ainsi que sur le dépistage précoce, les tests et les traitements.
Réflexions
L’accent mis sur les efforts de prévention et de protection, et non la panique, va arrêter le COVID-19 – Breille Irahoza
Les préjugés font mal plus que les symptômes du coronavirus. De telles suppositions irrationnelles peuvent empêcher toute une nation d’adopter des comportements propices à la bonne santé. Et c’est une réalité qui peut se produire au Burundi. Toi et moi ne sommes pas les seuls dans cette bataille. Le gouvernement, le ministère de la santé, les médecins, les burundais, les médias, les chefs religieux et les célébrités respectées jouent un rôle important pour mettre fin à la stigmatisation qui entoure les personnes atteintes du COVID 19 ainsi que les personnes originaires de Chine et d’Asie en général. Et tous ensemble on peut faire preuve de fraternité et d’entraide mutuelle à l’encontre des personnes touchées en commençant à remettre en question les mythes et les stéréotypes que nous diffusons sur les plateformes de communication.
La seule question qu’il est convenable de se poser est: “Quelle est la bonne conduite à adopter si toi, moi, un ami, ou un être cher venait à attraper le coronavirus?
Uruhara Rwanje- Ihinduka ritangurira kuri jewe.
Très bel article, et très bon conseils, va toujours de l’avant sœurette !
Merci beaucoup Kim!
Egooo le changement commence par des mots, puis des actions.