Être fier de soi: un signe d’arrogance ou un pas vers une bonne estime de soi?
Je suis née dans une société burundaise qui nous pousse tous à cultiver la modestie et à ne pas chercher à se faire remarquer (les filles plus que les garçons). Je me rappelle très bien de ces bonnes valeurs chrétiennes de mes parents et mes professeurs du lycée, qui accentuaient l’importance d’être modeste, de ne pas se vanter et surtout de ne pas être prétentieux. Car en effet, c’est même cité dans les écrits religieux que l’orgeuil ou l’arrogance est l’un des péchés capitaux. Du coup, j’ai grandi dans l’idée qu’être fier de soi était synonyme d’être arrogant et vaniteux.
Être fier de soi est généralement chargé d’images négatives dans notre société. Oser dire avec fierté que tu as réussi telle ou telle chose risque de blesser pas mal de gens. En réalité, nombreux sont ceux qui te prendront pour un prétentieux, en train de mettre en avant l’échec des autres. Les plus francs et directs n’hésiteront donc pas une seule seconde « à te remettre à ta place » en te disant une chose du genre « uwahawe n’Imana yiyita Umuhinga ».
Aujourd’hui, devenue adulte et mère de famille, j’aime souvent me poser la question suivante:
« Est-ce vraiment impossible d’être fier de soi sans être prétentieux, arrogant ou hautain? »
Différence fondamentale entre fierté et arrogance
Ainsi, pour moi l’idée de fierté commence par soi-même et s’arrête à soi-même : “J’ai fait cela et j’en suis fier“
Je pense qu’en réalité être fier de soi est tout autre chose. Parler de soi, de ses talents, de ses expériences et de son succès n’est pas forcément être arrogant. L’expérience ne cesse aussi de me montrer chaque jour, que les gens qui ont une image positive d’eux-mêmes sont très agréables à côtoyer. Ces gens m’inspirent tous les jours. Alors où est la frontière entre «la fierté de soi » et «l’arrogance »?
La fierté se rapporte à ce sentiment “généré par la reconnaissance de sa responsabilité d’un résultat socialement valorisé, ou lorsque l’on est une personne socialement estimée” (Mascolo & Ficher, 1995). On gagne ainsi un sentiment de fierté à accomplir des choses qui sont en notre pouvoir mais demandent de l’effort et de la détermination. Par exemple: j’ai gagné parce que je me suis entraîné.
Ainsi, pour moi l’idée de fierté commence par soi-même et s’arrête à soi-même: « J’ai fait cela et j’en suis fier ». Il s’agit d’être conscient de ses compétences spécifiques, de fournir l’effort nécessaire et se permettre d’être fier de soi, lorsqu’on réussit. Il n’est donc pas question de comparaison, compétion ou d’arrogance.
L’arrogance se réfère par contre à une fierté excessive et autoritaire: « j’ai réussi telle chose et je suis le plus fort ». Ceci sous-entend que « les autres sont moins forts que moi ». Donc pour moi, être arrogant, c’est avoir tendance à comparer son accomplissement par rapport à l’accomplissement des autres, tout en affirmant constamment sa propre supériorité.
Être fier de soi: un pas vers une bonne estime de soi
l’humilité c’est avoir une bonne connaissance de soi, de ses forces, de ses limites, de ses difficultés, de ses besoins,…
Pour moi:
Parler de soi, de son expérience, de ses talents et de sa réussite n’est pas de l’arrogance. Par contre, ne parler que de soi et refuser de voir que les autres ont du talents et qu’ils ont réussi, ça l’est. Certains d’entre nous considèrent que l’humilité c’est ne pas se mettre en valeur, ne pas reconnaître ses capacités et ses réussites et qu’il faut surtout se rabaisser volontairement et minimiser son succès. Souvent par peur même de susciter l’attention et le mépris dans la société.
Pour moi, l’humilité s’appuie par contre sur ce que je suis vraiment: ce que je sais que je peux faire et ce que je sais que je ne peux pas faire. En d’autres mots, l’humilité c’est avoir une bonne connaissance de soi, de ses forces, de ses limites, de ses difficultés, de ses besoins, c’est-à-dire se voir de façon réaliste. L’humilité c’est tout simplement avoir une bonne estime de soi.
S’autoriser à être fier de ses réalisations est donc un pas indispensable vers l’acceptation et l’appréciation de soi-même tel qu’on est. Être fier de soi est le pas nécessaire vers une bonne estime de soi!
Prend le temps d’être fier de toi
- Oublie un peu le dicton burundais qui dit que: « Hakwishima, woshimwa n’abandi. »
- Souviens-toi qu’ il y’a toujours une raison d’être fier de soi.
- Autorise-toi à exprimer ta propre fierté, quand tu réussis quelque chose. Aussi petite soit-elle.
- Dis-toi qu’être fier de soi, c’est le début d’une attitude positive face à soi-même.
- Dis-toi qu’être fier de soi, c’est reconnaître sa valeur.
- Dis-toi qu’être fier de soi, c’est reconnaître ses capacités et compétences.
- Dis-toi qu’ être fier de soi, c’est se dire qu’on peut réussir.
- Dis-toi que ce sont tes pas qui te font avancer, et tes mains qui font tes actes.
#UruharaRwanje c’est aussi prendre le temps d’être fier de moi, car je suis responsable de ma réussite.
J’aime ta façon d’écrire, en disant ce qui est vrai et qu’on doit reconnaître comme convenable. Merci