Avoir confiance en soi (première partie)
Bonjour mes chers lecteurs.
Je suis ravie de vous retrouver pour ce nouvel article.
Cet article est divisé en deux parties. La première partie va parler de l’impact de l’éducation burundaise sur la capacité d’avoir confiance en soi. Dans la deuxième partie, je vais vous partager quelques réflexions faites sur le rapport entre la capacité d’avoir confiance en soi et prendre ses responsabilités.
Tout d’abord une petite clarification. Quand j’écris “avoir confiance en soi”, je fais référence à ce que nous appelons communément “kwiyumva”, “kwiyemera” ou bien même “kwishima” en kirundi. Je dirai même que des fois, on a tendance à confondre la confiance en soi avec l’arrogance.
Mais que veut dire “avoir confiance en soi” au juste?
Je trouve qu’il est un peu difficile de définir exactement ce que ça veut dire. Mais je dirai que la confiance en soi, c’est la foi dans le fait qu’on est capable de faire un choix, de prendre une décision, d’agir et de s’adapter au changement.
Définition de la confiance en soi
D’après le Larousse, la confiance en soi se définit comme:
“sentiment, conscience que l’on a de sa propre valeur et dans lesquels on puise une certaine assurance”.
Et selon linternaute, avoir confiance en soi c’est :
“être assuré de ses possibilités, croire en ses capacités”.
Ces deux définitions me poussent à retenir deux choses importantes:
1. sentiment, conscience que l’on a de sa propre valeur: qui proviennent d’une bonne connaissance de soi– d’après ma compréhension.
2. Croire en ses capacités: qui est basé sur l’assurance qu’on a tout le potentiel nécessaire pour réussir, mais également sur les compétences qu’on a.
Je conclus alors que, avoir confiance en soi c’est avant tout se connaître et croire en son potentiel et ses capacités. Le travail de confiance en soi est donc un travail d’introspection.
Avoir confiance en soi est une affaire d’éducation.
Ça fait un bon moment que je me pose la question, de savoir l’importance et la place qu’on accorde à la capacité d’avoir confiance en soi au Burundi. Et plus j’y pense, plus je réalise que la confiance en soi se construit très tôt dans le développement de chacun. Ce qui m’a enfin ramené à conclure que, la confiance en soi est une affaire d’éducation.
Ce n’est pas l’épanouissement personnel qui est valorisé mais la sécurité et l’honneur du groupe familial.
En effet, dans toute société, l’éducation est fondamentale à la vie et au développement de l’être humain. Au Burundi, l’éducation reçue dès notre plus jeune âge a généralement un caractère collectif assez prononcé. Au Burundi- comme sur tout le continent africain, le collectivisme prime sur l’individualisme. La parenté, les enseignants et les voisins participent tous- d’une façon ou d’une autre à l’éducation de l’enfant. Comme le diction burundais le spécifie “umwana si uw’umwe”, pour dire que “l’enfant n’appartient pas uniquement à ses parents ou à la famille, mais il appartient aussi aux pays”.
L’éducation burundaise tend alors à apprendre à chacun, à se situer au groupe familial, à en respecter les règles et les valeurs. Il est important ici que l’enfant se conforme au rôle qui lui est assigné. Ce n’est pas l’épanouissement personnel qui est valorisé mais la sécurité et l’honneur du groupe familial. Par exemple, nous avons tous déjà entendu parler des erreurs commises par un enfant, mais qui automatiquement déshonorent toute sa famille “gutukisha umuryango”, ou encore l’adage burundais qui dit que “umunyambwa aba umwe, agatukisha umuryango”.
Le contraire se manifeste aussi au cas où, l’enfant avec sa performance fait honneur à sa famille: “gutera iteka umuryango”.
Nous assistons donc à un environnement fortement communautaire, qui fait que l’enfant burundais n’existe qu’en tant que membre d’un groupe ou d’une famille élargie. L’exemple classique, c’est quand vient le moment, de présenter aux parents, celui où celle que notre cœur a choisi pour vivre ensemble. Sans trop tarder, nos parents ou nos aînés nous demanderont d’un air très sérieux et attentif: “uwo mwana ni uwo kwande?”, ou bien encore “abavyeyi biwe ni bande? (cette personne dont tu parles, il vient de quelle famille?; qui sont ses parents?).
Manque de confiance en soi chez les burundais.
Un enfant bien élevé respecte bien évidemment ses aînés et les traditions mais doit aussi faire preuve de modestie. Un enfant très convaincant et démonstratif est souvent considéré comme quelqu’un qui veut se faire remarquer (gushaka kwiyerekana). Ou bien encore un enfant ou un jeune confiant, qui prend de l’initiative et veut se mettre en valeur est tout de suite découragé et risque de passer pour un orgueilleux (kwishima); un vantard (kwiyemeza), ou quelqu’un qui aime se mettre en avant(kwita imbere).
L’éducation burundaise dans sa propre nature, n’encourage pas l’enfant burundais à développer son “moi” et encore moins “à se connaître”.
A cet égard, il faut noter que la confiance en soi a une connotation négative dans le contexte burundais. Par conséquent, la confiance en soi n’est pas considérée comme primordiale. Tout comme le dicton burundais “Ha kwishima, woshimwa n’abandi” (Il vaut mieux être apprécié par les autres, que de s’apprécier soi-même), le précise correctement.
J’en déduis que, l’éducation burundaise dans sa propre nature, n’encourage pas l’enfant burundais à développer son “moi” et encore moins “à se connaître”. Notre société burundaise met plutôt plus d’accent sur l’identité du groupe familial, l’obéissance, la prudence et la modestie.
Un enfant qui ne se connaît pas bien en grandissant, n’aura pas -une fois devenu adulte, le sentiment de sa propre valeur. L’enfant devenu adulte, aura donc du mal à se faire confiance, à croire suffisamment en lui pour oser dire ce qu’il pense, faire ce qu’il juge bon de faire, et assumer sereinement les conséquences.
Il est évident que, tout ne se joue pas nécessairement dès l’enfance. Il est fort possible que des enfants élevés dans d’autres conditions, développent une carence de croyance en leurs capacités. Néanmoins, le manque de confiance en soin s’acquit dès l’enfance. En effet, notre entourage, nos amis et nos proches sont les sources principales de notre confiance et manque de confiance en nous.
Que pouvons-nous faire?
Remède possible:
Optons pour une nouvelle façon d'éduquer nos enfants. Apprenons à nos enfants que la confiance en soi est une puissance indispensable pour leur développement personnel.
Adressons des compliments à l’égard de nos enfants. Les compliments constituent un encouragement qui pousse l’enfant à être plus sûr de lui et à mieux faire les activités que l’on lui confie. Apprenos à reconnaître les efforts et initiatives de nos enfants et à leurs faire confiance. La reconnaissance stimule le courage et incite l'enfant à persévérer et à être plus autonome.
à suivre…
Merci infiniment de me suivre. N’oublie pas de me laisser un petit commentaire.
Merci Larissa pour cet article… la confiance en soi pour nous burundais est mal vue et mal vécue aussi longtemps qu’on est dans la communauté mais c’est à nous toujours de faire valoir son importance (comme tu viens de le faire en pondant cet article).
En tant que mère avec un rôle d’éducateur dans ma famille (mes enfant et mon mari), ma contribution dans ton article serait de laisser le choix à nos enfants sur certains points de la vie. Petite, on ne m’a jamais demandé mon point de vue 🙁 mais en grandissant on essaie de se faire valoir et de marquer sa présence. Vous comprenez les discussions qui vont avec. Tu donnes l’impression de devenir “Ishirasoni” quand tu essaies d’argumenter ton point de vue qui diverge avec celui des autres. Mon petit conseil serait de demander chaque fois que c’est possible à vos enfants de faire un choix bien sûr et essayer d’en savoir le moteur. Le matin demande leur quel couleur de tshirt , comment ils veulent leur thé, quel livre lire. Ce sont de petites choses qui construisent leur personnalité. A la fin de la journée, on aura des choix réfléchis et peut-être on n’aura plus les réponses de grandes personnes du genre” oya ntorera wewe”/non choisis pour moi”.
Merci beaucoup à toi Nad pour ton commentaire. En effet, on doit laisser le choix à nos enfants. Il faut qu’on leur montre qu’on a confiance en eux. Même si ils commettent des erreurs, ça ne fait rien. L’essentiel est que l’enfant apprenne de ses erreurs. Et c’est notre responsabilité en tant que parents de faire en sorte que nos enfants évoluent dans un environnement, dans lequel il y’a place de commettre des erreurs et à apprendre.
Un partage d’idées et d’expériences sur un thème très captivant. Je partage votre point de vue. Impatient de lire de nouveaux articles. Merci.